Théorie¶
1. Implication¶
Considérons plusieurs propositions relevant respectivement d’un contexte géométrique, arithmétique et de la vie courante.
 : Les diagonales du quadrilatère 
 se
coupent en leur milieu.
 : Le quadrilatère 
 est un parallélogramme.
 : 
 est un naturel multiple de 4.
 : 
 est un naturel multiple de 2.
 : Il pleut.
 : Ma pelouse est arrosée.
Ces propositions sont susceptibles d’être vraies ou fausses. Mais au regard de celles-ci, on constate que

Ce qui peut se lire de différentes façons:
 implique 
Si la proposition
 est vraie, alors la proposition 
est vraie (si 
, alors 
)La proposition
 est vraie seulement si la proposition
 est vraie (
 seulement si 
)La proposition
 est une condition nécessaire à la
réalisation de la proposition 
 (
 est CN à
)
L’implication est transitive, ce qui veut dire que si 
 et que 
 ,alors 
 .
Réciproque¶
La réciproque de l’implication 
  est l’implication
 . Ce qu’on peut lire de différentes façons:
 implique 
La proposition
 est vraie si la proposition 
 est
vraie (
 si 
)La proposition
 est une condition suffisante à la
réalisation de la proposition 
 (
 est CS à
)
Ce n’est pas parce qu’une implication est vraie que sa réciproque l’est aussi. Dans les trois exemples considérés :

Ce n’est pas parce que “ma pelouse est arrosée” que cela est du à la pluie. L’arrosage peut être artificiel. Ce n’est pas parce qu’un nombre (6 par exemple) est multiple de 2, qu’il est multiple de 4.
Contraposée¶
Si on note 
, la négation de la proposition 
, la
contraposée de 
 est
. On nie donc les affirmations 
et 
 et on renverse le sens de l’implication. Si une implication
est vraie, la contraposée est vraie également, ce qui fait bien
comprendre le sens de la condition nécessaire. Par exemple, comme
“
 est un naturel multiple de 4”, implique que “
 est un
naturel multiple de 2”; si 
 n’est pas multiple de 2, il n’est
certainement pas multiple de 4. Ou encore si “ma pelouse n’est pas
arrosée”, c’est nécessairement “qu’il ne pleut pas”.
Équivalence¶
Dans les cas où

on parde d’équivalence et on note

Ce qu’on peut lire de différentes façons:
Les propositions
 et 
 sont équivalentesLa proposition
est vraie si et seulement si la proposition
 est vraie (
 si et seulement si 
)La proposition
 est une condition nécessaire et suffisante à
la réalisation de la proposition 
 (
 est CNS à
)
2. Démonstration¶
Démontrer consiste à déduire qu’une proposition appelée thèse est vraie, en partant de propositions appelées hypothèses que l’on suppose être vraies le temps de la démonstration. Pour démontrer, on s’appuie également sur des propositions mathématiques qui sont vraies parce qu’elles sont admises comme telles ou parce qu’elles ont été démontrées auparavant. Les propositions admises sont des axiomes, celles qui sont démontrées sont des théorèmes.
Soit à démontrer que 
.
Hypothèses : 
 est un quadrilatère (sous-entendu plan) Les
diagonales 
 se coupent en leur milieu.
Thèse : 
 est un parallélogramme
La thèse se réfère à la définition de parallélogramme comme étant un quadrilatère formé de deux paires de côtés parallèles. La démonstration repose sur diverses propriétés comme un axiome, le premier cas d’isométrie des triangles (Côté-Angle-Côté) et un théorème qui dit que si deux droites coupent une troisième en formant des angles alternes internes de même amplitude, alors elles sont parallèles.
Pour prouver une équivalence comme 
, on
démontre souvent les deux implications l’une après l’autre.
Comme nous l’avons déjà mentionné, 
 est la
Condition Nécessaire. Ce qui exprime que si 
 n’est pas vraie,
 ne l’est pas non plus. Tandis que 
 est
la Condition Suffisante. Ce qui exprime que 
 vraie suffit à
rendre 
 vraie.
Pièges¶
Par essence, la démonstration est déductive et les étapes se succèdent en respectant les règles logiques, ce que certains appellent l’hygiène du mathématicien.
Un premier piège pour le débutant consiste à utiliser la thèse dans la démonstration. C’est-à-dire qu’on utilise le résultat pour le prouver. Dans l’exemple du quadrilatère qui a des diagonales qui se coupent en leur milieu, il n’est pas rare de voir un apprenti géomètre se servir erronément du parallélisme de deux côtés pour en déduire que des angles alternes internes ont même amplitude et que des côtés sont parallèles…
Un autre piège consiste à affirmer une chose et son contraire au sein de la même démonstration. Le principe de non-contradiction est à la base de toute théorie mathématique. Aristore l’aurait formulé sous la forme : “il est impossible qu’une seule et même chose soit, et tout à la fois ne soit pas, à une même autre chose, sous le même rapport”.
Des négations particulières méritent notre attention. Pour prouver
qu’une propriété n’est pas vraie pour toutes les valeurs de 
,
il suffit de trouver une valeur de 
 pour laquelle la propriété
n’est pas satisfaite. En mathématiques, cela se passe très différemment
de ce qu’on observe dans de nombreux domaines de la vie courante où il
faut de nombreux contre exemples pour faire tomber une vérité. Par
ailleurs, pour nier qu’une propriété qui est vraie pour une valeur de
, il suffit de prouver que pour toutes les valeurs de 
la propriété n’est pas satisfaite.
Envisageons maintenant différents types de démonstration…
Directe¶
Cela consiste à démontrer la proposition énoncée en partant directement des hypothèses données pour en arriver à la thèse par une suite d’implications logiques.
Pour prouver que 
, sachant que
 est l’hypothèse et que 
 est la thèse,
commençons par traduire l’hypothèse :

Ce qui veut encore dire que

Ce qui prouve la thèse, à savoir que 
 est un multiple de 2.
Par l’absurde¶
Cela consiste à supposer le contraire de la proposition énoncée et de montrer qu’on aboutit alors à une contradiction ou impossibilité.
Pour prouver que le nombre 
 est irrationnel, on suppose
que ce n’est pas le cas, c’est-à-dire qu’il peut s’exprimer sous forme
de fraction de naturels:

Il en résulte que

Ce qui veut dire que 
 est pair. Mais le carré d’un naturel
pair est pair et inversement. D’où il existe un naturel 
 tel
que 
, 
 et l’égalité (1) devient

Il en résulte que 
 est pair. Mais le carré d’un naturel pair
est pair et inversement. D’où il existe un naturel 
 tel que
, 
 et l’égalité (2) devient

Et ainsi de suite… Indéfiniment. Ce qui n’est pas possible puisque
 et 
 sont naturels et limités, on ne peut pas les
diviser indéfiniment par 2. Il faut donc rejeter l’hypothèse faite à
savoir que 
 puisse être rationnel.
Par contraposée¶
Démontrer que 
, c’est équivalent à démontrer que
.
Pour démontrer que “Si le dernier chiffre d’un nombre naturel 
est 2 alors 
 n’est pas le carré d’un entier”, on peut démontrer
que si 
 est le carré d’un naturel alors son dernier chiffre
n’est pas 2. En effet, si 
 se termine
par 1 ou 9, son carré se termine par 1.
par 2 ou 8, son carré se termine par 4.
par 3 ou 7, son carré se termine par 9.
par 2 ou 8, son carré se termine par 4.
par 4 ou 6, son carré se termine par 6.
par 5, son carré se termine par 5.
par 0, son carré se termine par 0.
Et jamais un carré ne se termine par 2.
Par récurrence¶
Pour prouver qu’une propriété 
 est vraie
, on démontre qu’elle est vraie pour
 et que si elle est vraie pour 
, cela implique
qu’elle est vraie pour 
.
Soit à démontrer par exemple que la somme des carrés des 
premiers naturels est égale à 
,
c’est-à-dire que

Pour 
, la propriété est vraie car

Si la propriété est vraie pour 
, alors

Si on réduit au même dénominateur les deux termes du dernier membre de
l’égalité, puis qu’on met 
 en évidence, on obtient

On peut factoriser 
 et finalement obtenir

Ce qui prouve que l’égalité est vraie pour 
.