2 Fonctions continues¶
2.1 Définition et exemples¶
Définition 2.1.1. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point. Soit
.
On dit que
est une fonction continue en
si et seulement si pour tout
, il existe
tel que pour tout
tel que
, on a
.
Remarque 2.1.2. Cette définition, assez technique, ne doit pas vous faire peur. Une
lecture intuitive de cette définition est la suivante : si un
processus qui dépend d’une variable
est continu
autour d’une certaine valeur de
qui vaut
, alors je
dois pouvoir approcher les valeurs de
autant que je le
souhaite si je suis capable d’approcher la valeur de
autant
que nécessaire.
Il est recommandé d’appliquer cette définition sur les deux exemples
suivants afin d’analyser celle-ci en profondeur et comprendre en quoi
elle formalise l’idée intutive de continuité.
Exemple 2.1.3.











Exemple 2.1.4.














Remarque 2.1.5. Une caractérisation intuitive des graphes de fonctions continues est qu’il s’agit des fonctions dont le graphe peut être tracé d’un seul trait. Néanmoins, celle-ci est imprécise et peut mener à des erreurs, puisque la continuité ne concerne que les sauts dans les valeurs d’une fonction (autrement dit : les sauts verticaux dans le graphe de la fonction) et non son domaine de définition (les sauts horizontaux dans le graphe de la fonction). Permettons-nous d’insister : il ne fait pas sens de parler de continuité d’une fonction en un point où elle n’est pas définie ! Par exemple, la fonction inverse :
Cette fonction est bien partout continue ! Il ne fait pas sens
d’affirmer qu’elle est discontinue en , puisqu’elle n’est même
pas définie en
.
Définition 2.1.6. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point. Soit
.
On dit que
est une fonction continue si elle est continue en tous les points de son domaine de définition.
Exercice 2.1.7. Donner le domaine de définition des fonctions dont les graphes sont les suivants, puis déterminer si elles sont continues ou non. Si elles ne sont pas continues, donner l’ensemble des points où elles sont discontinues.










2.2 Continuité des fonctions de référence¶
Théorème 2.2.1. Toutes les fonctions de référence sont continues.
Démonstration Pas en math 4. 1
Remarque 2.2.2. De toutes les fonctions de référence, seule la fonction inverse n’a pas
un graphe qui peut être tracé d’un seul trait . À nouveau, il s’agit
dans ce cas d’une question de domaine (la fonction inverse n’est pas
définie en puisqu’il ne fait pas sens de diviser par
) et non de continuité.
Exemple 2.2.3. Par exemple, la fonction racine cubique est continue :
2.3 Propriétés des fonctions continues¶
Commençons avec un exemple :
Exemple 2.3.1. Considérons les deux fonctions :
et
dont les graphes sont les suivants :



Sans surprise, aucune discontinuité n’est apparue. En additionnant deux fonctions continues, on a obtenu une nouvelle fonction continue. Ce n’est pas un hasard, comme l’indique la proposition suivante.
Proposition 2.3.2. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point. Soient
et
deux
fonctions continues. Alors :
La fonction
est continue.
La fonction
est continue.
La fonction
est continue.
La fonction
est continue.
Démonstration Pas en math 4. Voir annexe pour les curieux.
De manière éventuellement plus surprenante, la composée de deux fonctions continues (compatibles) est également toujours une fonction continue :
Proposition 2.3.3. Soit deux intervalles. Soient
et
deux
fonctions continues telle que
. Alors :
est continue.
Démonstration Pas en math 4.
Une dernière opération qui conserve la continuité est la restriction :
Définition 2.3.4. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point. Soit
.
Soit
. Alors la restriction de
sur
est la fonction :
Exemple 2.3.5. Soit la fonction :
dont le graphe est :
La restriction de sur, par exemple,
, est la fonction :
et son graphe est :
Comme annoncé, la restriction d’une fonction continue est toujours continue :
Proposition 2.3.6. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point.
Soit
une fonction continue. Soit
.
Alors la restriction de
sur
est continue.
Démonstration Pas en math 4. Notons néanmoins que la démonstration est extrêment simple.
Grâce au théorème 2.2.1, nous savons que toutes les fonctions de référence sont continues. Or, les propositions 2.3.2, 2.3.3 et 2.3.6 nous disent que lorsqu’on combine deux fonctions continues selon une des opérations sur les fonctions les plus simples, nous pouvons être certains que le résultat est lui aussi une fonction continue. Ainsi, nous sommes à présent capables de justifier la continuité de nombreuses fonctions.
Exercice 2.3.7. Les fonctions suivantes sont-elles continues ? Si oui, justifier. Si non, faire le graphe de la fonction et donner l’ensemble des points de discontinuité.








2.4 Grands théorèmes des fonctions continues (optionnel)¶










Théorème 2.4.1 (Théorème des valeurs intermédiaires). Soit un intervalle de la forme
. Soit
une fonction continue.
Pour tout
compris entre
et
, il existe
tel que
.
Démonstration Pas en math 4. 2
Exemple 2.4.2. Considérons la fonction suivante qui est la restriction de la fonction
carrée sur .
Puisque cette fonction est continue, ,
et
, on peut être certain qu’il existe une abscisse
entre
et
telle que la valeur de cette
fonction en
vaut exactement
(dans ce cas-ci, il
est possible de déterminer ce
(qui est ici unique) :
).
Remarque 2.4.3. Le théorème n’affirme pas que l’abscisse telle que
est unique ! Comme le montre l’exemple suivant (où on
choisit pour
l’ordonnée
, qui se trouve entre
et
), il peut y avoir plusieurs abscisses
de cette sorte :
La fonction vaut en
, en
et en
.
Théorème 2.4.4. Soit un intervalle de la forme
. Soit
une fonction continue.
est nécessairement bornée et atteint ses bornes, autrement
dit
a un point de minimum et un point de maximum.
Démonstration Pas en math 4. 3
Remarque 2.4.5. Dans le prochain chapitre, nous nous intéresserons beaucoup aux (points de) minimum et maximum d’une fonction. Ce théorème des bornes atteintes nous dit que pour une fonction continue définie sur un intervalle fermé, nous pouvons être certain qu’un point de minimum et qu’un point de maximum existe, mais il ne nous dit pas comment les trouver.
Remarque 2.4.6. La fonction dont le graphe est ci-dessous est définie sur un intervalle
de la forme et est continue :
Il s’agit de la fonction :
Nous serions bien incapables (à ce stade) de déterminer quel est le (point de) maximum et le (point de) minimum de cette fonction, mais nous sommes certains que ceux-ci existent bel et bien (visuellement, on les identifie immédiatement sans pour autant être capable de les déterminer exactement).
2.5 Prolongements continus¶
Exemple 2.5.1. Voici le graphe d’une fonction définie sur
qui est continue :
Il ne fait pas sens de dire qu’elle est discontinue (ou continue) en
puisqu’elle n’est pas définie en
.
Exemple 2.5.2. Voici le graphe d’une autre fonction définie sur
qui est continue :
Il ne fait pas sens de dire qu’elle est continue (ou discontinue) en
puisqu’elle n’est pas définie en
.





Définition 2.5.3. Soit un intervalle et soit
. Soit
.
Un prolongement continu de
sur
est une fonction
qui est continue (y compris en
) et telle que pour tout
, on a
.
Exemple 2.5.4. La fonction de l’exemple 2.5.1 ne possède pas de prolongement continu. Par contre, la fonction de l’exemple 2.5.2 possède un prolongement continu dont le graphe est le suivant :
Dans le cas de cet exemple, puisque nous possédions déjà le graphe de la fonction, ce prolongement continu n’était pas très difficile à trouver.







Que signifie rigoureusement que la fonction
se rapproche d’une valeur lorsqu’on se rapproche de
?
Comment savoir si la fonction
se rapproche bien d’une certaine valeur de manière uniforme et définitive lorsqu’on se rapproche de
?
Si
se rapproche bien d’une certaine valeur de manière uniforme et définitive lorsqu’on se rapproche de
, comment calculer cette valeur ?
Pour répondre à ces questions, nous avons besoin d’une nouvelle notion : celle de limite de fonction.
- 1
Remarque : pour la plupart des fonctions de référence, la démonstration n’est pas très compliquée. N’hésitez pas à essayer de faire vous-même la preuve par exemple pour une fonction constante ou pour la fonction identité.
- 2
La démonstration de ce théorème est en fait assez compliquée et nécessite de bien comprendre les propriétés fondamentales des nombres réels. Heureusement, son énoncé est très intuitif.
- 3
La démonstration de ce théorème est aussi assez compliquée.