3 Limites de fonctions¶
3.1 Définition et exemples¶
Pour découvrir la notion de limite qui est la formalisation de l’idée intuitive se rapprocher de (de façon définitive et uniforme) , commençons avec un exemple :
Définition 3.1.1. Soit la fonction
Son graphe est le suivant :
Au fur et à mesure que la variable se rapproche de
,
de quelle valeur se rapproche
? Pour nous aider à y voir
plus clair, évaluons la fonction
en plusieurs nombres qui se
rapprochent de
:




























Définition 3.1.2. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point
. Soit
.
On dit que
a une limite
en
si pour toute marge d’erreur
, il existe
tel que pour tout
qui est à une distance plus petite ou égale de
que
, c’est-à-dire tel que
, on a nécessairement que
est à une distance plus petite ou égale de
que
, c’est-à-dire qu’on a
. Dans ce cas, on note :
Exemple 3.1.3. La fonction
a comme limite en
. On note :
Remarque 3.1.4. Notons que dans l’exemple ci-dessus, la fonction possède une
limite en
qui vaut
mais est également définie en
de telle sorte que
. Il est important de
comprendre qu’une limite d’une fonction en un point (si elle existe)
n’est pas toujours égale à la valeur de la fonction en ce point (la
fonction peut même ne pas être définie en ce point). C’est d’ailleurs
tout l’intérêt de la notion de limite : elle permet de parler d’une
valeur de laquelle se rapproche une fonction en un point sans que cette
fonction ne soit jamais égale à cette valeur.
Voici à présent un théorème important mais que nous ne pourrons malheureusement pas démontrer :
Théorème 3.1.5. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point
. Soit
.
Si
possède une limite en
, alors cette limite est
unique.
Il fait donc sens de parler de LA limite d’une fonction en un point. Ce théorème ne devrait pas vous surprendre : si on se rapproche de manière uniforme et définitive d’un endroit, on ne peut pas en même temps se rapprocher de manière uniforme et définitive d’un autre endroit.
Exemple 3.1.6. Soit la fonction carrée, dont le graphe est :




Exemple 3.1.7. Soit la fonction dont le graphe est :
Cette fonction ne possède pas de limite en : quand les
se rapprochent de
, les
ne se
rapprochent pas uniformément d’un unique nombre (ils se rapproche de
par la gauche et de
par la droite ).
Exemple 3.1.8. Soit la fonction dont le graphe est :
La fonction n’est pas définie en mais elle possède néanmoins
une limite en
: quand les
se rapprochent de
, les
se rapprochent uniformément et
définitivement de
. On note :
Définition 3.1.9. Soit la fonction dont le graphe est :
La fonction n’est pas définie en mais elle possède néanmoins
une limite en
: quand les
se rapprochent de
, les
se rapprochent uniformément et
définitivement de
. On note :
Exercice 3.1.10. À l’aide d’un graphique, déterminer si les limites suivantes existent. Si oui, donner les valeurs de celles-ci.




Exercice 3.1.11. Voici le graphe de la fonction . Déterminer si les limites
suivantes existent. Si oui, donner les valeurs de celles-ci.

Exercice 3.1.12. Tracer le graphe d’une fonction définie sur
qui n’a pas de limite en
et qui a une limite en
qui vaut
.
Solution.
Exercice 3.1.13. Déterminer si les limites suivantes si elles existent.










Exercice 3.1.14. Tracer le graphe d’une fonction ayant les propriétés suivantes
:
dom
est continue partout sauf en
.
n’a pas de limite en
et en
a une limite en
qui vaut
et une limite en
qui vaut
et
a exactement deux racines et elles se trouvent entre
et
.
Solution.
3.2 Lien entre la continuité et les limites de fonctions¶
Dans la section précédente, nous avons pu observer que dans certains cas, la limite d’une fonction en un point où cette fonction est définie existe et est simplement égale à la valeur de la fonction en ce point. Dans tous les cas observés, la fonction était justement définie et continue en ce point. Il ne s’agit pas d’un hasard.
Théorème 3.2.1. Soit un intervalle . Soit
.
Soit
.
Alors
est continue en
si et seulement si
a une limite en
et
.
Malheureusement, la démonstration de ce théorème sort du cadre de ce cours.
Remarque 3.2.2. Il est vraiment dommage que nous ne puissions pas nous attarder sur la démonstration de ce théorème. En effet, celui-ci permet de relier la continuité aux limites, dont les définitions se ressemblent. Cette ressemblance n’est pas anodine : historiquement, ces deux notions ont été développées parallèlement et les mêmes idées ont été utilisées de part et d’autre pour arriver aux définitions actuelles.
Nous pouvons néanmoins expliquer brièvement la démonstration du théorème à partir de nos intuitions. Si une fonction est continue en un point, cela correspond au fait que son graphe ne possède pas de saut vertical en ce point, autrement dit que je peux approcher autant que je le souhaite la valeur de cette fonction en ce point à condition d’être assez proche de ce point. On retrouve assez directement l’intuition de limite : si les abscisses du graphe de la fonction se rapprochent du point considéré, les ordonnées se rapprochent donc nécessairement de l’image de ce point par la fonction, autrement dit la limite de la fonction en ce point est égale à l’image de la fonction en ce point. L’autre sens de la démonstration est tout aussi intuitif.
Avec ce théorème, nous pouvons calculer des limites de certaines fonctions sans pour autant pouvoir/devoir réaliser leurs graphes ! Donnons immédiatement un exemple.
Exemple 3.2.3. Soit la fonction
Supposons qu’on souhaite calculer la limite de cette fonction en
. Cette fonction est continue car c’est la somme de deux
fonctions de référence (la fonction cubique et la fonction racine
cubique) qui sont continues. Par le théorème 3.2.1, puisque
est bien définie et continue en
, on peut donc
affirmer que la limite
existe et vaut
.
Exercice 3.2.4. Calculer les limites suivantes et justifier.




3.3 Lien entre les prolongements continus et les limites de fonctions¶
Dans la section précédente, nous avons vu que calculer la limite d’une fonction en un point où elle est définie et continue est on ne peut plus simple. Mais qu’en est-il si on veut calculer la limite d’une fonction en un point où elle n’est pas définie ? Commençons avec un exemple.
Exemple 3.3.1.
Considérons la fonction :
Cette fonction n’est pas définie en
mais on pourrait se demander si elle possède malgré tout une limite en
. Malheureusement, nous ne pouvons pas invoquer le théorème 3.2.1 pour cette éventuelle limite puisque bien que la fonction soit continue partout sur son domaine de définition, elle n’est pas définie en
. Si nous pouvions trouver un prolongement continu de cette fonction défini en
, nous pourrions aisément calculer cette limite en appliquant le théorème 3.2.1. En fait, l’existence de ce prolongement continu correspond précisément à l’existence de la limite que nous recherchons et la valeur de cet éventuel prolongement continu en
est précisément la valeur de la limite recherchée ? Dès lors, comment déterminer si la fonction
possède un prolongement continu en
? Pour ce faire, jouons un peu avec l’expression de
et simplifions. Pour tout
:
Pour tout
, nous avons donc
. Attention néanmoins : cette égalité est valable seulement si
. Elle n’a pas de sens si
.
Malgré cela, remarquons que l’expression
fait sens même si
:
. Autrement dit, si on pose :
La fonction
est définie partout même en
, est continue (y compris en
) et est telle que pour tout
:
. Il s’agit d’un prolongement continu de
!
Pour la fonction
, nous pouvons appliquer le théorème 3.2.1 :
. Or, comme pour tout
:
, on a donc :
En conclusion, la limite que nous recherchions existe et vaut
.
Dans l’exemple ci-dessus, nous avons relié l’existence d’une limite en un point où une fonction n’était pas définie à l’existence d’un prolongement continu de cette fonction en ce point. Nous avons vu qu’un tel prolongement continu existait et que sa valeur au point où la fonction initiale n’était pas définie correspondant précisément à la valeur recherchée. Ce n’est pas un hasard :
Théorème 3.3.2. Soit un intervalle . Soit
. Soit
.
Alors
admet une limite en
si et seulement si
admet un prolongement continu en
. De plus, si la valeur de cette éventuelle limite est égale à l’image de cet éventuel prolongement continu en
.
Une fois de plus, nous ne pouvons malheureusement pas démontrer ce théorème dans ce cours. Mais à ce stade, celui-ci ne devrait pas vous surprendre. En effet, la notion de limite est précisément l’outil dont nous avions besoin pour répondre aux trois questions finales de la section 2.5. Grâce au théorème 3.3.2, nous pouvons à présent calculer des limites un peu moins triviales que celles que nous avons calculées dans la section précédente. En effet, lorsqu’on souhaite calculer la limite d’une fonction en un point où elle n’est pas défini, il suffit donc de rechercher un prolongement continu de cette fonction, ce qui peut se faire en manipulant et en simplifiant son expression.
Exercice 3.3.3. Les limites suivantes existent. Calculer celles-ci.








Remarque 3.3.4. Certaines personnes (pour être honnête : de nombreuses personnes) peu rigoureuses appliquent parfois la conclusion du théorème 3.2.1 même dans des cas où cette application n’est pas légitime, par exemple quand la fonction dont ils veulent calculer la limite n’est pas définie au point où ils veulent déterminer l’éventuelle limite. Pour donner un exemple précis, ces personnes écrivent :
Ces personnes appellent alors ce genre de situation une indétermination .
Je vous interdis de faire de même dans ce cours.
Ce type de pratique est non rigoureuse et illogique (on applique un théorème alors que les hypothèses de ce théorème ne sont pas respectées), dangereuse (cela nuit à la compréhension de l’idée de limite (et d’infini) et fait écrire des suites de symboles qui n’ont pas de sens) et inutile (de nombreux mathématiciens dans le monde calculent des limites très efficacement sans avoir besoin d’écrire de telles horreurs). Plutôt que de ne pas réfléchir et d’écrire de façon automatique des choses qui n’ont pas de sens, prenez toujours le temps de vérifier si les hypothèses des résultats que vous souhaitez invoquer sont vérifiées et d’être certain de comprendre ce que vous êtes en train de faire.
3.4 Divergence de fonctions en un point¶
Exemple 3.4.1. Considérons la fonction :
dont voici le graphe :
Que se passe-t-il quand les se rapprochent de
? Les
ne se rapprochent certainement pas d’un nombre réel ! Si on
teste avec certaines valeurs de
qui se rapprochent de
, on constate immédiatement que les
deviennent de
plus en plus grands :
On remarque même qu’à condition de se rapprocher suffisament de
, les valeurs de la fonction deviendront aussi grandes que l’on
veut. Autrement dit, on peut se donner n’importe quelle borne
supérieure, les valeurs
de cette fonction dépassent par le
haut cette borne supérieure de façon uniforme et définitive à condition
de choisir des
suffisament proche de
. Ce
comportement est appelé divergence (vers
) et nous venons
d’en donner la définition intuitive.
Donnons à présent la définition rigoureuse de divergence (vers
).
Définition 3.4.2. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point
. Soit
.
On dit que
diverge (vers
) en
si pour toute borne supérieure
, il existe
tel que pour tout
qui est à une distance plus petite ou égale de
que
, c’est-à-dire tel que
, on a nécessairement que
est plus grand ou égal à
, c’est-à-dire que
. Dans ce cas, on note :
Remarque 3.4.3. Attention : cette remarque est extrêmement importante.
Lorsqu’une fonction diverge (vers
) en un point, elle n’a pas de limite en ce point. Diverger vers
ne signifie pas se rapprocher d’un nombre appelé
(
n’est pas un nombre réel). On utilise pourtant la même notation pour parler de limite et de divergence : cela est extrêmement malheureux et absolument pas pédagogique. Cette notation étant néanmoins utilisée par tous, nous l’utiliserons également.







Exemple 3.4.4. La fonction
dont le graphe est :
diverge vers en
. On note :
.
Il existe un autre phénomène possible lorsqu’une fonction ne converge
pas en un point, très semblable à la divergence vers :
il s’agit de la divergence vers
. Pour l’introduire,
commençons avec un exemple.
Exemple 3.4.5. Considérons la fonction
dont le graphe est :
Que se passe-t-il quand les se rapprochent de
? À
nouveau, les
ne se rapprochent certainement pas d’un nombre
réel ! Si on teste avec certaines valeurs de
qui se
rapprochent de
, on constate immédiatement que les
deviennent de plus en plus grands négativement :
On remarque même qu’à condition de se rapprocher suffisament de
, les valeurs de la fonction deviendront aussi grandes
négativement que l’on veut. Autrement dit, on peut se donner n’importe
quelle borne inférieure, les valeurs
de cette fonction
dépassent par le bas cette borne supérieure de façon uniforme et
définitive à condition de choisir des
suffisament proche de
. Ce comportement est appelé divergence (vers
)
et nous venons d’en donner la définition intuitive.
Donnons à présent la définition rigoureuse de divergence (vers
).
Définition 3.4.6. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point
. Soit
.
On dit que
diverge (vers
) en
si pour toute borne supérieure
, il existe
tel que pour tout
qui est à une distance plus petite ou égale de
que
, c’est-à-dire tel que
, on a nécessairement que
est plus grand ou égal à
, c’est-à-dire tel que
. Dans ce cas, on note :
Remarque 3.4.7. Même remarque que pour la divergence vers : diverger
vers
ne signifie pas avoir comme limite un nombre
appelé
.
Exemple 3.4.8. La fonction
dont le graphe est :
diverge vers en
. On note :
.


- Si une fonction converge (a une limite) en un point, ses valeurs ne peuvent pas devenir arbitrairement grandes (que ce soit positivement ou négativement) puisque qu’elle se rapproche de la limite (qui est un nombre réel).
Si une fonction diverge vers
en un point, ses valeurs ne peuvent se rapprocher d’un nombre réel (puisque celles-ci deviennent de plus en plus grandes positivement au fur et à mesure qu’on se rapproche du point où la fonction diverge) et ne peuvent devenir arbitrairement grandes négativement (puisque celles-ci deviennent de plus en plus grandes positivement au fur et à mesure qu’on se rapproche du point où la fonction diverge).
Si une fonction diverge vers
en un point, ses valeurs ne peuvent se rapprocher d’un nombre réel (puisque celles-ci deviennent de plus en plus grandes négativement au fur et à mesure qu’on se rapproche du point où la fonction diverge) et ne peuvent devenir arbitrairement grandes négativement (puisque celles-ci deviennent de plus en plus grandes négativement au fur et à mesure qu’on se rapproche du point où la fonction diverge).
Proposition 3.4.9. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point
. Soit
.
Si
possède une limite en
, alors
ne diverge pas vers
en
et ne diverge pas vers
en
.
Si
diverge vers
en
, alors
ne possède pas une limite en
et ne diverge pas vers
en
.
Si
diverge vers
en
, alors
ne possède pas une limite en
et ne diverge pas vers
en
.


Contre-exemple 3.4.10. Les seules fonctions de référence qui ne sont pas définies sur tout sont la fonction racine carrée et la fonction
inverse. Nous savons déjà que la fonction racine carrée a comme limite
lorsque
tend vers
, mais qu’en est-il de
la fonction inverse ? Diverge-t-elle ?
Rappelons que la fonction inverse est la fonction :
Son graphe est le suivant.
Lorsque les se rapprochent de
,
les nombres
ne se rapprochent certainement pas d’un
nombre de manière uniforme et définitive. Mais ils ne deviennent pas non
plus arbitrairement grands positivement de manière uniforme et
définitive (ils le deviennt à droite de
, mais pas à gauche )
et ils ne deviennent pas non plus arbitrairement grands négativement de
manière uniforme et définitive (ils le deviennt à gauche de
,
mais pas à droite ). En conclusion, la fonction inverse n’a pas de
limite en
, mais ne diverge pas non plus en
(que ce
soit vers
ou vers
).
Remarque 3.4.11. La fonction inverse ne diverge pas vers ou vers
en
, mais par contre son produit avec elle-même
diverge vers
en
: voir exemple
3.4.4.
Exemple 3.4.12. La fonction dont
le graphe est le suivant :
diverge vers en
. On note :
.
Exemple 3.4.13. La fonction dont le graphe est le
suivant :
diverge vers en
(même si la fonction est
définie en
de telle sorte que
). On note :
.
Contre-exemple 3.4.14. La fonction dont le graphe est le
suivant :
ne converge pas et ne diverge pas en .
Contre-exemple 3.4.15. La fonction dont
le graphe est le suivant :
ne converge pas et ne diverge pas en .
À présent, exerçons-nous un peu.
Exercice 3.4.16. À l’aide d’un graphique, déterminer si les fonctions divergent au point
considéré. Si oui, donner le type de divergence (vers ou
vers
).




Exercice 3.4.17. Voici le graphe d’une fonction réelle . Déterminer l’ensemble
des points où elle diverge.

Exercice 3.4.18. Tracer le graphe d’une fonction définie sur
qui diverge vers
en
et qui ne diverge et ne converge pas en
.
Solution.
Exercice 3.4.19. Déterminer si les fonctions dont les graphes sont donnés ci-dessous divergent aux points indiqués.
Solution.
|
|
Exercice 3.4.20 Tracer le graphe d’une fonction ayant les propriétés suivantes
:
Solution.
Exercice 3.4.21 Tracer le graphe d’une fonction
qui est
continue partout sauf en
et
, qui a comme limite
en
et comme limite
en
, qui n’a pas de limite en
, qui diverge vers
en -3 et qui ne diverge pas en
.
Solution.
Exercice 3.4.22 Déterminer si les fonctions convergent ou divergent au point considéré.
Si elles convergent, donner la limite. Si elles divergent, donner le
type de divergence (vers ou vers
).








3.5 Limites à gauche et limites à droite¶
Exemple 3.5.1. La fonction dont le graphe est :






On a : . De même,
si nous ne considérons que les points du graphe dont les abscisses sont
inférieures à
, la fonction réduite
possède bien une
limite en
:




Lorsqu’on affirme que
, cela signifie précisément que la fonction
possède une limite à gauche de 0 et que celle-ci vaut
, ce qu’on note :
Donnons à présent la définition générale de limite à droite et de limite à gauche : il s’agit simplement d’utiliser la définition de limite et de restriction de fonction.
Définition 3.5.2. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point
. Soit
.
On dit que
a une limite à droite
en
si la fonction
a comme limite
en
. On note :
On dit que
a une limite à gauche
en
si la fonction
a comme limite
en
. On note :
Remarque 3.5.3. Certaines personnes préfèrent utiliser les notations
pour les limites à droite et
pour les limites à gauche. Je
vous déconseille d’utiliser ces notations.
Donnons quelques exemples et contre-exemples.
Exemple 3.5.4. La fonction dont le graphe est :




Exemple 3.5.5. La fonction carrée dont le graphe
est :







Contre-exemple 3.5.6. La fonction inverse dont le graphe
est :
n’a pas de limite à droite en et n’a pas de limite à gauche en
.
Dans tous les exemples déjà rencontrés, remarquons que le seul où la fonction admet une limite à droite et une limite à gauche au point considéré et que ces deux limites sont égales correspond au cas où la fonction admet une (véritable) limite en ce point, qui est d’ailleurs égale à l’unique valeur de la limite à droite et de la limite à gauche.
Ce n’est pas un hasard : pour avoir une limite en un point ,
une fonction
doit se rapprocher de façon définitive et
uniforme d’une unique valeur, elle doit donc avoir une limite à gauche
en ce point et une limite à droite en ce point et celles-ci doivent être
identiques. L’inverse est vrai aussi : si une fonction
a une
limite à gauche en un point
et une limite à droite en
et que celles-ci sont égales, alors
se rapprochent
bien définitivement et uniformément de cet unique nombre au fur et à
mesure qu’on se rapproche de
! Plus rigoureusement, on peut
démontrer :
Proposition 3.5.7. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point
. Soit
.
Alors
possède une limite
en
si et seulement si
possède une limite à droite
en
et une limite à gauche
en
et que celles-ci sont égales :
.
Remarque 3.5.8. Certaines personnes aiment beaucoup les limites à droite et les limites à gauche, à tel point qu’elles définissent celles-ci en premier et les utilisent pour définir la notion de limite générale.
Pourtant, c’est bien la notion de limite qui est fondamentale, si utile et qui permet de démontrer d’impressionnants résultats mathématiques. De plus, les notions de limite à droite et limite à gauche ne se généralisent pas lorsqu’on ne peut pas parler de droite et de gauche tandis que la notion de limite plus gobale se généralise dans de nombreux contextes.
Pour ces raisons, nous n’insisterons volontairement pas sur les notions de limites à droite et de limite à gauche dans ce cours.
Exemple 3.5.9. Considérons la fonction inverse
dont le graphe est :
Comme nous l’avons vu dans la section précédente, cette fonction ne
diverge pas (que ce soit vers ou
en
). Par contre, si nous ne considérons que les points de son
domaine qui sont plus grands ou égaux à
, on obtient la
fonction
dont le
graphe est :















Définition 3.5.10. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point
. Soit
.
On dit que
diverge vers :math:`+infty` à droite en
si la fonction
diverge vers
en
. On note :
On dit que
diverge vers :math:`-infty` à droite en
si la fonction
diverge vers
en
. On note :
On dit que
a diverge vers :math:`+infty` à gauche en
si la fonction
diverge vers
en
. On note :
On dit que
a diverge vers :math:`-infty` à gauche en
si la fonction
diverge vers
en
. On note :
On a un résultat équivalent pour les divergence à gauche et à droite à celui qu’on avait pour les limites :
Proposition 3.5.11. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point
. Soit
.
Alors
diverge vers
en
si et seulement si
diverge vers
à droite en
et
diverge vers
à gauche en
.
De plus,
diverge vers
en
si et seulement si
diverge vers
à droite en
et
diverge vers
à gauche en
.
Exemple 3.5.12. La fonction dont le graphe est :
diverge vers à droite en
et diverge vers
à gauche en
. Elle diverge vers
en
.
Exemple 3.5.13. La fonction dont le graphe est :
diverge vers à gauche en
. Elle ne diverge pas
à droite en
.
Exemple 3.5.14. La fonction carrée dont le graphe
est :
ne diverge ni à gauche ni à droite en .
Exercice 3.5.15. Pour la fonction dont le graphe est ci-dessous, quels sont les points où la fonction a une limite à gauche ou à droite mais n’a pas de limite ? Quels sont les points où la fonction diverge à gauche ou à droite mais ne diverge pas ? Pour tous ces points, donner les limites ou les divergences à gauche ou à droite éventuelles.
Solution. Le seul point où la fonction n’a pas de limite ou ne diverge pas est
. La fonction a une limite à gauche en
qui vaut
et diverge vers
à droite en
.
Exercice 3.5.16. Tracer le graphe d’une fonction ayant les propriétés suivantes
:
Solution.
Exemple 3.5.17. Déterminer quelles sont les limites et les divergence à gauche et à droite.





Exercice 3.5.18. Tracer le graphe d’une fonction
qui est
continue partout sauf en
et
, qui vaut
en
,
en
et
en
,
qui a comme limite à gauche
en
et comme limite à
droite
en
, qui a comme limite à gauche
en
et qui diverge vers
à droite en
,
qui diverge vers
à gauche en
et qui diverge
vers
à droite en
.
Solution.
Exercice 3.5.19. Déterminer si les fonctions convergent ou divergent à droite ou à gauche
au point considéré. Si elles convergent à droite ou à gauche, donner la
limite à droite ou à gauche. Si elles divergent à droite ou à gauche,
donner le type de divergence (vers ou vers
). N’hésitez pas à vous aider d’un graphe.





3.6 Limites et divergence de fonctions en
et
¶




Exemple 3.6.1. Nous souhaiterions pouvoir parler du comportement asymptotique de la fonction inverse, dont le graphe est pour rappel le suivant.
Nous aimerions savoir ce que deviennent les nombres au fur
et à mesure que nous considérons des
de plus en plus grands.
Voyons d’abord ce que vaut
pour certaines valeurs de
particulières qui sont de plus en plus grandes :









Plus généralement, si nous divisons
par des nombres négatifs arbitrairement petits, le résultat sera un nombre négatif arbitrairement proche de
. Au fur à mesure que les abscisses
des points du graphes diminuent, les ordonnées
associées se rapprochent uniformément et définitivement de
. Nous retrouvons une fois de plus l’idée de limite : la nouveauté étant que nous observons le comportement de la fonction non pas à l’approche d’un point, mais son comportement pour des nombres de plus en plus petits.



Remarque 3.6.2. Il se trouve que la fonction inverse a la même limite pour
tendant vers
et pour
tendant vers
. Ce n’est bien évidemment pas toujours le cas. Par
exemple, la fonction dont le graphe est ci-dessous a comme limite
pour
tendant vers
et
pour
tendant vers
.
Donnons les définitions de limite d’une fonction pour qui tend
vers
ou vers
. Celle-ci est très
similaire à la définition de limite d’une fonction en un point et est
construite de la même manière.
Définition 3.6.3. Soit un intervalle non majoré. Soit
.
On dit que
a une limite
pour
qui tend vers
si pour toute marge d’erreur
, il existe
tel que pour tout
qui est plus grand ou égal à
, c’est-à-dire tel que
, on a nécessairement que
est à une distance plus petite ou égale de
que
, c’est-à-dire qu’on a
. Dans ce cas, on note :
Définition 3.6.4. Soit un intervalle non minoré. Soit
.
On dit que
a une limite
pour
qui tend vers
si pour toute marge d’erreur
, il existe
tel que pour tout
qui est plus petit ou égal à
, c’est-à-dire tel que
, on a nécessairement que
est à une distance plus petite ou égale de
que
, c’est-à-dire qu’on a
. Dans ce cas, on note :
Donnons quelques exemples et contre-exemples.
Exemple 3.6.5. La fonction dont le graphe est donné ci-dessous a comme limite
pour
qui tend vers
.
Pour cette fonction, il ne fait pas sens de parler d’une éventuelle
limite pour qui tend vers
puisque son domaine
de définition est
.
Exemple 3.6.6. La fonction dont le graphe est donné ci-dessous a comme limite
pour
qui tend vers
et pour
qui tend vers
.
Contre-exemple 3.6.7. La fonction dont le graphe est donné ci-dessous n’a pas de limite pour
qui tend vers
et n’a pas de limite pour
qui tend vers
.
En effet, peu importe si on considère des nombres de plus en
plus grands ou de plus en plus petits, les nombres
associées ne finiront jamais par se rapprocher de manière uniforme et
définitive d’une valeur unique. Ils continueront d’osciller autour de
encore et encore.
Contre-exemple 3.6.8. La fonction dont le graphe est donné ci-dessous n’a pas de limite pour
qui tend vers
mais a comme limite
pour
qui tend vers
.










Exemple 3.6.9. Nous souhaiterions pouvoir parler du comportement asymptotique de la fonction cubique, dont le graphe est pour rappel le suivant.
Nous aimerions savoir ce que deviennent les nombres au fur
et à mesure que nous considérons des
de plus en plus grands.
Voyons d’abord ce que vaut
pour certaines valeurs de
particulières qui sont de plus en plus grandes :
















Définition 3.6.10. Soit un intervalle non majoré. Soit
.
On dit que
a diverge vers
pour
qui tend vers
si pour toute borne supérieure
, il existe
tel que pour tout
qui est plus grand ou égal à
, c’est-à-dire tel que
, on a nécessairement que
est plus grand ou égal à
, c’est-à-dire qu’on a
. Dans ce cas, on note :
Définition 3.6.11. Soit un intervalle non majoré. Soit
.
On dit que
a diverge vers
pour
qui tend vers
si pour toute borne inférieure
, il existe
tel que pour tout
qui est plus grand ou égal à
, c’est-à-dire tel que
, on a nécessairement que
est plus petit ou égal à
, c’est-à-dire qu’on a
. Dans ce cas, on note :
Définition 3.6.12. Soit un intervalle non minoré. Soit
.
On dit que
a diverge vers
pour
qui tend vers
si pour toute borne supérieure
, il existe
tel que pour tout
qui est plus petit ou égal à
, c’est-à-dire tel que
, on a nécessairement que
est plus grand ou égal à
, c’est-à-dire qu’on a
. Dans ce cas, on note :
Définition 3.6.13. Soit un intervalle non majoré. Soit
.
On dit que
a diverge vers
pour
qui tend vers
si pour toute borne inférieure
, il existe
tel que pour tout
qui est plus grand ou égal à
, c’est-à-dire tel que
, on a nécessairement que
est plus petit ou égal à
, c’est-à-dire qu’on a
. Dans ce cas, on note :
Donnons quelques exemples et contre-exemples.
Exemple 3.6.14. La fonction valeur absolue diverge vers pour
qui tend vers
et diverge ves
pour
qui tend vers
.
Exemple 3.6.15. La fonction racine carrée diverge vers pour
qui tend vers
. Il ne fait pas sens de parler d’une
limite ou de divergence pour
qui tend vers
pour la racine carrée puisqu’elle n’est pas définie sur l’ensemble des
réels strictement négatifs.
Exemple 3.6.16. La fonction dont le graphe est donné ci-dessous diverge vers
pour
qui tend vers
et diverge
vers
pour
qui tend vers
.
Contre-exemple 3.6.17. La fonction dont le graphe est donné ci-dessous ne diverge pas pour
qui tend vers
et ne diverge pas pour
qui tend vers
.
Contre-exemple 3.6.18. La fonction dont le graphe est donné ci-dessous diverge vers
pour
qui tend vers
mais ne
diverge pas pour
qui tend vers
.
Remarque 3.6.19. Il existe une quantité non négligeable de résultats intéressants portant
sur les limites et les divergences de fonctions pour qui tend
vers
ou vers
. Néanmoins, dans ce cours,
nous nous contenterons d’utiliser ces notions comme des outils qui
permettent de décrire le comportement asymptotique d’une fonction.
Passons aux exercices.
Exercice 3.6.20. (Exercice théorique un peu difficile.)
Les définitions 3.6.3 et 3.6.4 sont très similaires. Identifier la seule petite différence et expliquer celle-ci.
Exercice 3.6.21. Tracer le graphe d’une fonction ayant les propriétés suivantes
:
Solution.
Exercice 3.6.22. Déterminer si les fonctions dont les graphes sont donnés ci-dessous
ont une limite ou divergent pour qui tend vers
ou
.








Exercice 3.6.23. Déterminer si les fonctions convergent ou divergent pour qui
tend vers
ou pour
qui tend vers
. Si elles convergent, donner la limite. Si elles
divergent, donner le type de divergence (vers
ou vers
). N’hésitez pas à vous aider d’un graphe.






Exercice 3.6.24. Un homme souhaite changer la teneur en sel de son aquarium pour y accueillir de nouveaux poissons. Alors que son aquarium contient initialement 3 litres d’eau douce, il commence à remplir l’aquarium avec à la fois de l’eau douce et de l’eau salée (avec deux pompes différentes). La pompe d’eau douce a un débit d’un centilitre par seconde, tandis que la pompe d’eau salée a un débit de deux centilitres par seconde.
Quel est le rapport de la quantité d’eau douce et de la quantité d’eau salée après une minute de remplissage ?
Quel est le rapport de la quantité d’eau douce et de la quantité d’eau salée après
secondes de remplissage ? (
étant un nombre réel strictement positif quelconque.)
Au fur et à mesure que le temps passe, de quoi se rapproche le rapport de la quantité d’eau douce et de la quantité d’eau salée ?

Exercice 3.6.25. Un avion a une panne de moteur en plein vol à une altitude de
km et menace de s’écraser. Le pilote va essayer de faire
planer l’avion jusqu’au prochain aréoport, mais il craint que l’avion
perde trop d’altitude en planant.
Il se souvient de ses cours d’aviation que dans ce genre de situation,
l’avion perd d’abord rapidement beaucoup d’altitude mais se stabilise
peu à peu. Il se souvient que dans ce genre de situation, l’altitude
de l’avion après heures est de
où
est l’altitude initiale de l’avion.
De quelle altitude se rapproche de l’avion au fur et à mesure que le temps passe ? Risque-t-il de s’écraser ?

3.7 Asymptotes¶
Exemple 3.7.1. Voici ci-dessous le graphe de la fonction :
Les limites et les divergences intéressantes pour cette fonction sont :
Rappelons-nous ce que signifie en français la première de ces quatre
affirmations : au fur et à mesure que devient grand, les
nombres
associées se rapprochent uniformément et
définitivement de
. Une autre façon d’exprimer cela, plus
géométrique, est de dire que plus on considère des points du graphe de
la fonction
dont les abscisses sont grandes, plus le graphe de
se rapproche uniformément et définitivement de la droite
d’équation
:









Plus on on considère des points du graphe de dont les
abscisses sont proches de
, plus le graphe de
se
rapproche uniformément et définitivement de cette droite. Le sens de
cette asymptote verticale est exactement celui des deux divergences
et
.
Les asymptotes horizontales sont donc juste une manière plus géométrique
d’exprimer des limites pour qui tend vers
ou
de fonctions et les asymptotes verticales sont juste une
manière plus géométrique d’exprimer des divergences en un point de
fonctions. Donnons les définitions précises de ces deux nouvelles
notions.
Définition 3.7.2. Soit un intervalle non majoré. Soit
.
Si
, on dit que
a une asymptote horizontale (à droite) d’équation cartésienne
et on note :
Définition 3.7.3. Soit un intervalle non minoré. Soit
.
Si
, on dit que
a une asymptote horizontale (à gauche) d’équation cartésienne
et on note :
Définition 3.7.4. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point
. Soit
.
Si
ou
, on dit que
a une asymptote verticale (à droite) d’équation cartésienne
et on note :
Définition 3.7.5. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point
. Soit
.
Si
ou
, on dit que
a une asymptote verticale (à gauche) d’équation cartésienne
et on note :
Remarque 3.7.6. Il existe encore au moins un autre type d’asymptote : les asymptotes obliques. Nous n’en parlerons pas dans ce cours.
Puisque les asymptotes ne sont qu’une réinterprétation géométrique de certaines limites, il n’y a pas grand chose d’autre à dire à leur sujet. Passons donc immédiatement aux exercices.
Exercice 3.7.7. Pour les fonctions dont les graphes sont donnés ci-dessous, lister toutes les asymptotes horizontales et verticales et donner leurs équations cartésiennes.




Exercice 3.7.8. Donner le graphe d’une fonction qui possède deux asymptotes horizontales
(différentes), deux asymptotes verticales dont une des deux a pour
équation cartésienne . Donner les équations cartésiennes de
toutes les asympotes horizontales et verticales de la fonction choisie.
Solution.
Exercice 3.7.9. Pour les fonctions suivantes, déterminer les équations cartésiennes de toutes les asymptotes horizontales et verticales.






3.8 Propriétés des limites de fonctions¶
Exemple 3.8.1. À ce stade, nous savons déjà que la fonction inverse converge
vers pour
qui tend vers
:
De même, nous savons que la fonction constante de constante
converge vers
:
Question : à partir de ces deux informations, pouvons-nous affirmer
quelque chose au sujet du comportement asymptotique (pour qui
tend vers
) de la fonction obtenue en additionnant ces
deux premières fonctions :
Bien entendu, calculer directement la limite pour qui tend
vers
de cette fonction
n’est pas difficile :
Mais aurions-nous pu trouver ce résultat sans même réfléchir au
comportement asymptotique de la fonction ? Pour répondre à
cette question, rappelons ce que signifient les deux affirmations :
La première signifie que pour des nombres de plus en plus
grands, les nombres
se rapprochent uniformément et
définitivement de
. La deuxième signifie que pour des nombres
de plus en plus grands, les nombres
se rapprochent
uniformément et définitivement de
. On déduit directement de
ces deux informations que pour des nombres
de plus en plus
grands, les nombres
se rapprochent uniformément et
définitivement de
. Autrement dit :
La limite pour qui tend vers
de la fonction
qui est définie comme la somme de la fonction inverse et de la
fonction constante de constante
est égale à la somme des
limites pour
qui tend vers
de ces deux
fonctions. On a pu décomposer le calcul de la limite pour
qui
tend vers
de la fonction
en une somme de
limites plus simples à calculer.

Proposition 3.8.2. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point
.
Soient
et
telles que
et
. Alors la fonction
a une limite en
et on a :


Ces deux fonctions ont toutes les deux une limite en :
Que se passe-t-il si nous nous créons une nouvelle fonction en
additionnant et
:
.

















Exemple 3.8.3. Supposons que l’on souhaite déterminer si la fonction suivante possède
une limite en .
On remarque que la fonction est la somme des trois fonctions :
De plus, on sait facilement calculer les limites en de ces
trois fonctions :
Par la proposition 3.8.2, a donc
nécessairement une limite en
et cette limite est égale à :
La proposition 3.8.2 décrit ce qu’il se passe lorsqu’on additionne deux fonctions qui possèdent une limite en un point. Il existe bien évidemment d’autres opérations sur les fonctions et d’autres possibilités pour une fonction que d’avoir une limite en un point (elle peut par exemple diverger). Dans les pages suivantes, nous allons donner toutes les variantes possibles de la proposition 3.8.2. Insistons sur un point : n’apprennez pas toutes ces propositions par cœur ! Comprenez-les de sorte que vous puissiez les retrouver par vous-mêmes.
Proposition 3.8.4. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point
.
Soient
et
telles que
et
. Alors la fonction
a une limite en
et on a :
Proposition 3.8.5. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point
.
Soient
et
telles que
et
. Alors la fonction
a une limite en
et on a :
- Proposition 3.8.6. Soit
un intervalle éventuellement privé d’un point
. Soient
et
avec
pour tout
telles que
et
avec
. Alors la fonction
a une limite en
et on a :
Proposition 3.8.7. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point
et soit
un intervalle éventuellement privé d’un point
.
Soient
et
telles que
,
et
. Alors la fonction
a une limite en
et on a :
Passons aux cas où la fonction diverge vers
.
Proposition 3.8.8. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point
.
Soient
et
telles que
et
. Alors la fonction
diverge en
et on a :
Proposition 3.8.9. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point
.
Soient
et
telles que
et
. Alors la fonction
diverge en
et on a :
Proposition 3.8.10. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point
.
Soient
et
telles que
avec
et
. Alors la fonction
diverge en
et on a :
Si
:
Si
:
Proposition 3.8.11. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point
.
Soient
et
avec
pour tout
telles que
et
. Alors la fonction
a une limite en
et on a :
Proposition 3.8.12. Soit un intervalle non majoré et soit
un intervalle éventuellement privé d’un point
.
Soient
et
telles que
,
et
. Alors la fonction
a une limite en
et on a :
Les cas où la fonction diverge vers
sont très
similaires aux cinq précédents et nous ne les listerons pas ici. Passons
aux cas où la fonction
diverge vers
mais où la
fonction
converge.
Proposition 3.8.13. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point
.
Soient
et
telles que
et
. Alors la fonction
diverge en
et on a :
Proposition 3.8.14. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point
.
Soient
et
telles que
et
. Alors la fonction
diverge en
et on a :
Proposition 3.8.15. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point
.
Soient
et
telles que
avec
et
. Alors la fonction
diverge en
et on a :
Si
:
Si
:
Proposition 3.8.16. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point
.
Soient
et
avec
pour tout
telles que
et
. Alors la fonction
diverge en
et on a :
Si
:
Si
:
Proposition 3.8.17. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point
et soit
un intervalle éventuellement privé d’un point
.
Soient
et
telles que
,
et
. Alors la fonction
diverge en
et on a :
À nouveau, les cas où la fonction diverge vers
sont très similaires aux cinq précédents et nous ne les listerons pas
ici. Passons aux cas où la fonction
diverge vers
et où la fonction
diverge vers
.
Proposition 3.8.18. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point
.
Soient
et
telles que
et
. Alors la fonction
diverge en
et on a :
Proposition 3.8.19. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point
.
Soient
et
telles que
avec
et
. Alors la fonction
diverge en
et on a :
Proposition 3.8.20. Soit un intervalle non majoré et soit
un
intervalle éventuellement privé d’un point
.
Soient
et
telles que
,
et
. Alors la fonction
diverge en
et on a :
Les cas où la fonction ou la fonction
diverge vers
plutôt que vers
sont très similaires aux
cinq derniers et nous ne les listerons pas ici. Tous les cas où on ne
considère pas une limite ou une divergence en un point mais pour
qui tend vers
ou vers
sont
semblables à ceux que nous avons déjà listés, nous ne les listerons donc
pas ici.
Remarque 3.8.21. Il peut sembler que certaines propositions sont manquantes. Par
exemples, quid de la différence de deux fonctions qui divergent vers
en un point
?
Une personne peu rigoureuse pourrait écrire que :
Outre le fait que cela n’a aucun sens, cela est absolument faux ! Je vous interdis de noter de telles horreurs dans le cadre de ce cours.
Ce type de situation est appelé par certaines personnes indétermination . Une indétermination est en fait une situation où on ne peut pas simplement appliquer une des propositions listées ci-dessus pour décomposer une limite ou une divergence que l’on cherche à calculer. Il faut dans ces cas-là ruser, simplifier l’expression de la fonction considérée ou même être imaginatif ! Toutes sortes de choses peuvent arriver !
Illustrons cette dernière affirmation. Commençons par donner un
exemple de deux fonctions qui divergent vers en un
point mais dont la différence ne converge pas vers
, elle
diverge vers
.
Considérons les deux fonctions :
On a :
Pour tout
, on a :
La fonction
peut être vue comme le produit des deux fonctions :
On a :
Par la proposition 3.8.10, on en déduit que :
À présent, donnons un exemple de deux fonctions qui divergent vers
en un point mais dont la différence diverge vers
. Considérons les deux fonctions :
On a :
Pour tout
, on a :
La fonction
peut être vue comme le produit des deux fonctions :
On a :
Par la proposition 3.8.10, on en déduit que :
Enfin, la différence de deux fonctions qui divergent vers
en un point peut malgré tout parfois converger (vers
ou un autre nombre). Considérons par exemple les deux fonctions :
On a :
Pour tout
, on a :
On en déduit :
Comme on peut le voir avec ces trois exemples, lorsqu’on est face à une indétermination, il n’y a pas d’autre choix que de se mettre à réfléchir. Il n’y a pas de loi générale.



Théorème 3.8.22. (Théorème de la règle des plus hautes puissances)






pour un certain
, un certain
et
avec
et
avec
. Alors :
- Si
,
on a :
- Si
,
on a :
- Si
pour un certain
, on a :
Démonstration Pour tout avec
, on a :
Par les propriétés des limites, on a :
De même :
Par les propriétés des limites, on a donc :
Dès lors :
Si
, par les propriétés des limites et des divergences, on a :
Si
, par les propriétés des limites et des divergences, on a :
Si
pour un certain
, par les propriétés des limites, on a :
Remarque 3.8.23. Le théorème est également valable lorsqu’on considère une limite pour
qui tend vers
.
Exemple 3.8.24. On souhaite déterminer la limite suivante :
Le théorème de la règle des plus hautes puissances nous dit que si la limite ci-dessous existe, alors la limite que nous recherchons existe aussi et est égale à celle-ci :
Or :
Conclusion, par le théorème de la règle des plus hautes puissances, on déduit que :
Exercice 3.8.25. Soit un intervalle éventuellement privé d’un point
. Soient
et
telles que
et
.
Que peut-on dire au sujet du comportement de la fonction
au voisinage de
?
Converge-t-elle ? Diverge-t-elle ? Expliquer.
Solution. Puisque , pour des nombres
de plus en plus proches de
, les nombres
deviennent uniformément et définitivement arbitrairement grands. Puisque
, pour des nombres
de plus en plus proches de
, les nombres
deviennent uniformément et définitivement arbitrairement petits. Dès
lors, pour des nombres
de plus en plus proches de
,
les nombres
deviennent uniformément et définitivement
arbitrairement petits (le produit de nombres de plus en plus grands par
des nombres petits est de plus en plus petit).
Exercice 3.8.26. Soit un intervalle non minoré. Soient
et
avec
pour tout
telles que
pour un certain
et
.
Que peut-on dire au sujet du comportement de la fonction
pour
qui tend vers
? Converge-t-elle ? Diverge-t-elle ? Expliquer.
Solution. Puisque , pour des nombres
de plus en plus petits, les nombres
se
rapprochent uniformément et définitivement de
. Puisque
, pour des nombres
de plus en plus petits, les nombres
deviennent
uniformément et définitivement arbitrairement petits. Dès lors, pour des
nombres
de plus en plus petits, les nombres
se rapprochent uniformément et définitivement
de
(le quotient de nombres de plus en plus proche d’un nombre
divisés par des nombres de plus en plus petits est de plus en
plus proche de
).
Exercice 3.8.27. Soit un intervalle non majoré. Soient
et
avec
pour tout
telles que
et
.
Que peut-on dire au sujet du comportement de la fonction
pour
qui tend vers
? Converge-t-elle ? Diverge-t-elle ? Expliquer.
Solution. Puisque , pour des
nombres
de plus en plus grands, les nombres
deviennent uniformément et définitivement arbitrairement petits. Puisque
, pour des nombres
de plus en plus grands, les nombres
deviennent
uniformément et définitivement arbitrairement grands. Dès lors, pour des
nombres
de plus en plus petits, les nombres
deviennent uniformément et définitivement arbitrairement petits (des
nombres de plus en plus petits auquels on enlève des nombres de plus en
plus grands donnent de plus en plus petits).
Exercice 3.8.28. En utilisant les propriétés des limites et des divergences, déterminer les limites ou les divergences suivantes.









